D’origine bulgare, par son père, et polonaise, par sa mère, Andréi Nakov est né en 1941 à Sofia, Bulgarie, pays où il effectue des études primaires et secondaires au Lycée d’état. Baccalauréat en bulgare et en russe, apprentissage de langues étrangères et études de musique.
De 1959 à 1963 : études de musique au Conservatoire Supérieur de musique (classe de piano du professeur Drzewiecki) et d’histoire de l’art à l’Université de Varsovie (Pologne) avec une spécialisation en art moderne (séminaire du professeur Juliusz Starzynski). Parmi ses professeurs figurent Jan Bialostocki et Michal Walicki. Recherches sur les origines symbolistes de l’art abstrait russe. Thèse de fin d’études (Magisterium) consacrée à l’œuvre du peintre et compositeur lithuanien Mikolaj Ciurlionis (1875-1911), considéré à l’époque comme un des précurseurs de l’art abstrait. Ce travail sera publié en langue polonaise à Paris par la revue « Kultura » en juin 1967.
À l’automne 1963, émigration en France pour des raisons politiques.
À partir de 1963 : études d’histoire de l’art à l’Université de Paris — Institut d’Art et d’Archéologie et école des Hautes études : Thèse de doctorat sur la peinture et l’humanisme à Venise au début du XVIe siècle soutenue en 1969 (Directeur de thèse Prof. André Chastel).
Études de muséologie à l’école du Louvre, Paris (diplôme en 1966).
Stages de perfectionnement en Italie (Centre d’études byzantines, Ravenne, Institut Palladio, Vicenza et Fondazione Cini, Venise — pensionnaire à deux reprises) et à l’Université de Londres (The Warburg Institut).
Au cours des années 1967-1969, travaille en Europe en tant que « research fellow » pour la mécène franco-américaine Dominique de Menil.
1969-1970 : « Postdoctoral fellow » de la Menil Foundation à Columbia University, New York où il travaille sous la direction de Meyer Shapiro. Recherches sur les théories de la couleur, la musique et les origines de l’art abstrait (Ciurlionis, Kupka, Delaunay, Klee et Kandinsky). Entreprend des recherches sur l’art non objectif russe sous la direction d’Alfred Barr, conservateur du MOMA, New York et auteur des premières études sur le sujet. Il en résultera ses premiers textes sur Rodtchenko et le constructivisme russe qu’il publie à Londres et à New York (1973).
Au cours des années soixante, publie régulièrement des articles de critique et d’histoire de l’art dans la revue « Kultura ». Cette revue, éditée à Paris en langue polonaise, est l’organe principal de l’Institut Littéraire, maison d’édition qui au cours des années soixante révèlera au public occidental non seulement la littérature polonaise (Gombrowicz et Milosz) mais également des auteurs russes interdits dans leur propre pays (Siniavski, Daniel, Soljenitsyne et bien d’autres).
À partir du milieu des années soixante, nombreux articles d’histoire et de critique d’art dans les revues françaises (« Esprit », « Preuves », « XXème siècle », « Change », « Luna park », « La quinzaine littéraire ») et étrangères : « Art International » (Lugano), « Studio International » (Londres), « Artforum » (New York), « Art Magazine » (New York) et autres. Parallèlement des articles de critique d’art dans la presse suisse : « Gazette de Lausanne » et « Journal de Genève ». Son travail attire très tôt l’attention : Gaëtan Picon (cf. « Le Monde » du 14 septembre 1967) le signale parmi les critiques « les plus avertis de l’époque ». Fréquente l’atelier de Jean Dubuffet à Paris et celui de Piotr Kowalski. Se lie d’amitié avec l’écrivain Witold Gombrowicz.
1970-1971 : Enseigne l’histoire de l’art à l’Université de New York (City College) et à l’Université de Montréal (professeur invité en art moderne et théorie de l’histoire de l’art). Au printemps 1971 enseigne également l’art moderne à l’université anglophone McGill. Invité au printemps 1971 à prononcer des conférences au Carpenter Center, Harvard University, Cambridge, Mass., il effectue à cette occasion un séjour d’études et entre en contact avec Roman Jacobson dont il profitera des conseils concernant le futurisme russe.
Naturalisation française en 1971.
Depuis son retour en France en 1971, il se consacre principalement au travail de recherche sur l’art non-objectif russe, le dadaïsme et le constructivisme, domaines où ses travaux de précurseur font rapidement autorité. En résultent de nombreuses publications monographiques et des catalogues d’exposition. Il publie également des travaux sur l’art moderne occidental : art abstrait (Otto Freundlich, Mondrian, Léger), dada (Baader, Schwitters), constructivisme (Moholy-Nagy), art polonais et surréalisme (monographie sur le peintre Papazoff, 1973) ainsi que sur l’art contemporain (Aurélie Nemours, Jean Legros : Catalogue du Musée de Pontoise et catalogue du Musée de Mulhouse). Au cours des années soixante-dix et quatre-vingt, participation en qualité de conservateur invité à plusieurs expositions muséales consacrées au dadaïsme et au constructivisme (Canada, Allemagne Fédérale, Angleterre, Japon, Espagne).
À plusieurs reprises, il enseignera (cours ou séminaires) à l’Université de Paris (cours d’agrégation en 1977), à l’Université de Londres (Institut Courtauld) et à l’Université de Poznan (Pologne). Il enseigne de façon sporadique mais non moins régulière à divers universités, musées et institutions culturelles — à Berlin, Belgrade, Bologne, Minsk, Sofia, Thessalonique, Vitebsk , Zagreb et ailleurs.
En 1987, en raison de ses publications et aussi en sa qualité de dépositaire des archives de l’artiste et de son héritier Simon Lissim, Andrei Nakov a été sollicité par le musée théâtral Bakhrouchine de Moscou pour contribuer à l’organisation de la première rétrospective posthume d’Alexandra Exter en Russie (alors encore l’Union Soviétique). Le vent de la Pérestroïka ouvrait finalement les portes de la reconnaissance d’Alexandra Exter dans son propre pays. Cette nouvelle attention portée à l’œuvre d’Alexandra Exter allait l’amener à créer en l’an 2000 à Paris l’Association Alexandra Exter, dont il est à ce jour le président.
Le voyage pour l’ouverture de l’exposition fut pour lui l’occasion d’une première visite officielle en URSS. Organisé par la Fondation « Nashe Nasledie » (Notre héritage) ce voyage lui a permis d’accéder pour la première fois aux archives russes de Moscou et de Leningrad ; une nouvelle étape s’ouvrait ainsi pour ses recherches et en particulier celles dédiées à l’œuvre de Kazimir Malewicz. Ainsi, il eut finalement la possibilité d’étudier l’ensemble des peintures conservées au Musée Russe de Leningrad, œuvres qui depuis la mort de l’artiste (1935) sont restées inaccessibles au public et non moins aux chercheurs.
Durant l’hiver 1988-89, il participe à une tribune mensuelle de critiques d’art à la radio (France-Culture).
À partir du milieu des années soixante et durant de nombreuses années, travail littéraire aux éditions Champ Libre, Paris, entreprise partisane sinon anarchiste avec une spécialisation dans les domaines russe, allemand et celui de la théorie de l’histoire de l’art.
En 1977, A. Nakov est l’un des commissaires de la XVe exposition du Conseil de l’Europe, Tendenzen der Zwanziger Jahre, qui se tient à la National galerie et à l’Akademie der Künste (Berlin West). Cette exposition est considérée à ce jour comme la plus importante entreprise muséale consacrée à ce sujet.
En 1987, il conçoit, sélectionne et écrit le catalogue de l’exposition Dada and Constructivism (Seibu Museum, Tokyo et Amagasaki, et Kamakura Museum of Modern Art, Kamakura, Japon).
Une version élargie de l’exposition est présentée en 1989 par le Centro Reina Sofia, Madrid.
Ses textes ont parus dans de nombreux catalogues de musée en Allemagne (Cologne 1976, Dusseldorf 1987, Kassel 1991, Karlsruhe 1991, Berlin 1994, Donau-Eschingen 1998, Cologne 1995 et 1999), en France (Paris 1977, Marseille 1990, Pontoise, Mulhouse et Saint-étienne 1994, Arras 1997), en Angleterre (Londres, Edimbourg, Sheffield) et en Espagne (Valencia 1990, 1994).
Au cours des trente dernières années, l’œuvre de Kazimir Malévitch constitue le principal sujet de ses recherches. Il a préparé une monographie exhaustive consacrée à cet artiste, de même que le « Catalogue raisonné » de l’ensemble de sa production plastique.
Composé de quatre volumes, Kazimir Malewicz le peintre absolu est publié en 2007 chez Thalia édition, Paris. Une partie de la documentation de cet ouvrage comprenant le catalogue raisonné de la production plastique de l’artiste est parue en 2002 aux éditions Adam Biro, Paris sous le titre Kazimir Malewicz, Catalogue raisonné. Dans le quatrième volume de la monographie publiée en 2007 le catalogue raisonné a été corrigé et complété par un addendum et surtout par la bibliographie, outil indispensable pour la consultation du Catalogue raisonné.
L’acquisition par le Moderna Museet de Stockholm d’une importante peinture suprématiste de Malewicz de l’année 1915 a donné lieu à la rédaction d’une monographie consacrée à cette seule œuvre. Le livre de Andréi Nakov édité par le Moderna Museet de Stockholm intitulé Kazimir Malevich, Blake and White Suprematism (1915) est paru aux éditions Steidl, Göttingen en deux éditions, une suédoise et une anglaise.
Le travail concernant l’œuvre de cet artiste ne s’est pas arrêté à la publication de la monographie dont le texte fut terminé en 2002. En 2005, la Schopenhauergesellshaft de Francfort publiait le volume Schopenhauer und die Künste, dans lequel figure l’étude « Malewitsch mit Blick auf Schopenhauer ». Das Uberschreiten der expressionistischen und symbolistischen « Verkleidung » der « Welt der Dinge », tandis qu’en 2003 paraissait à Toulouse l’étude « Le vol libre » des hommes et des formes : quelques éléments d’une convergence significative entre Malewicz et Ciolkovski » in cat. d’exp. La conquête de l’air : une aventure dans l’art du XXème siècle , Les Abattoirs, Musée d’Art Moderne, Toulouse, p. 183-192. Le dernier texte explore les interférences de la thématique de Malewicz avec l’œuvre du grand savant russe Ciolkovski (1857-1935).
Ses publications sur l’art non-objectif russe (Malévitch, Exter, le constructivisme et le futurisme) font autorité et ont été traduites dans de nombreuses langues : Anglais, italien, allemand, espagnol, russe, polonais, serbo-croate, japonais.
Son livre L’avant-garde russe (Paris, Hazan 1984) fut le premier sur ce sujet à paraître en traduction russe à Moscou (éditions « Iskusstvo », 1991). Le tirage fut épuisé en quelques semaines.
Dès 1976, « Le Monde » (édition du 2 juillet) signalait son livre Malévitch — écrits comme l’un des livres ayant le plus grand succès en librairie : « à égalité avec Sartre et Hermann Hesse ». Suite à sa publication critique des écrits de l’artiste la « Frankfurter Allgemeiner Zeitung » le qualifiait en mai 1978 de « meilleur connaisseur de l’œuvre de Kasimir Malévitch ».
De nombreux articles dans la presse anglo-saxonne et française ont fait l’éloge de ses publications (voir « Art Monthly » de Londres, n° 93 de février 1986, où l’ensemble de ses ouvrages est qualifié d’instrument indispensable à l’étude). Son livre L’avant-garde russe a été signalé par la presse française comme « le livre de référence en français […] par l’un des meilleurs connaisseurs du domaine » (Le Figaro du 13 juillet 1984).
Déjà en 1977, le « Spectator » de Londres (numéro du mois d’août) qualifiait ses publications de « modèles de travail scientifique et d’interprétation ».
La revue américaine, hautement spécialisée, « The Print Collector’s Newsletter » du mois d’avril 1976, New York, remarquait que : « Ceux qui s’intéressent à l’avant-garde russe des années 1910-1930 ne peuvent pas se permettre d’ignorer les publications d’Andréi B. Nakov ».
En 1987, les présentations allemande et italienne de l’exposition « Mikhail Larionov » ont engendré de nombreux articles hautement élogieux relatifs à la qualité scientifique du catalogue et au choix des œuvres, tandis que la présentation de la même exposition à Genève a engendré une vive polémique dans la presse suisse, allemande et américaine.
L’exposition « Dada and Constructivism » fut unanimement acclamée en 1988-1989 par la presse japonaise et espagnole comme l’une des expositions marquantes de ces dernières années.
La publication en 2007 de la monumentale monographie en 4 volumes Kazimir Malewicz, le peintre absolu (Thalia édition, Paris) fut saluée par la presse internationale comme un événement majeur dans l’histoire de l’art moderne : le professeur Werner Hofmann faisait dans le Suddeutsche Zeitung du 5 décembre 2007 l’éloge d’une « connaissance phénoménale du matériau historique » et concluait que « à partir de ce livre l’histoire de l’art du XXème siècle va se lire autrement » tandis que dans le Frankfurter Allgemeine du 9 novembre 2007 Hans-Peter Riese qualifiait ce travail d’une « leçon magistrale » en histoire de l’art.
Des présentations de la publication avaient lieu dans des musées et universités étrangères (Bâle, Suisse, Varsovie et Cracovie en Pologne).
La traduction en langue anglaise d’une partie du vol. IV paraissait dès le mois de décembre 2007 dans l’anthologie Artibus et historiae 57 (éd. IRSA, Cracovie-Vienne).
Ce livre devait recevoir en novembre 2007 le prestigieux prix Bordin de l’Académie des Beaux Arts (Institut de France).
Une traduction en langue anglaise de l’ensemble des 4 volumes a été publié par les éditions Lund Humphries en 2010.
Andrei Nakov a été membre du Jury de l’agrégation des arts plastiques en 1976 et 1977, membre de l’Académie polonaise des sciences et lettres, Londres.
Il collabore depuis plusieurs années avec l’Institut International de Recherche en Histoire de l’Art IRSA (Cracovie–Vienne) : il est membre du comité de lecture des anthologies Artibus et Historiae et participe aussi au conseil scientifique de la Fondation IRSA.
En sa qualité d’historien de l’art moderne Andrei Nakov vient d’être invité par le philosophe François Julien à rejoindre en tant que « membre associé » sa « Chaire sur l’altérité », Maison des Sciences de l’Homme, Paris.
Principales publications monographiques
Pour la liste intégrale des écrits et le détail de chaque ouvrage, voir la section Bibliographie
Traductions commentées de textes théoriques russes
Ouvrages de synthèse
Catalogues d’exposition
À partir de 1973