Dans le 4ème volume de ma monographie de 2007 (Kazimir Malewicz, le peintre absolu, Thalia Édition, Paris) figure le chapitre 31 intitulé « Procédé, style et réalisation ». J’ai considéré que ce texte qui fournit des détails techniques destinés plutôt aux lecteurs professionnellement préparés serait néanmoins aussi utile à tout lecteur intéressé par la peinture de Malewicz et non seulement par ses idées, car, dans ce texte, j’ai essayé de mettre en valeur la nature lyrique de la démarche picturale de l’artiste, ceci ouvrant, d’après moi, l’accès à la véritable nature expressive du suprématisme.
La rédaction de ce texte, initialement destiné au Catalogue raisonné de 2002 m’a conduit à prendre des décisions difficiles quant à l’étendue de détails techniques concernant la pratique du peintre (les faussaires ne dorment pas !).
Je fus grandement récompensé quand après sa publication en langue française ce texte attira sans tarder l’attention des spécialistes de l’art ancien. Ainsi l’anthologie Artibus et Historiae, une revue scientifique, spécialisée surtout dans l’étude de l’art ancien, me demanda de le publier en langue anglaise (cf. « Devices, Style and Realisation : Professionalism in Malewicz’s Painting Technique » in Artibus et Historiae, n° 57, vol. XXIX, Vienna-Cracow, 2008, p. 183-239 trad. corrigée du chap. 31 de Kazimir Malewicz. Le peintre absolu, Paris, 2007, vol. IV). Cette publication m’a d’ailleurs permis de corriger certaines inexactitudes de la première version du texte qui ainsi put paraître amélioré dans l’édition anglaise de 2010.
Des discussions avec des professionnels – conservateurs de musée ou restaurateurs, et en particulier avec Mesdames Wijnberg du Stedelijk Museum d’Amsterdam et Klenova de Saint Petersbourg – m’ont par la suite réconforté quant au bien-fondé de cette publication et de la justesse de l’approche méthodologique que je mettais clairement en avant. Cela faisait aussi des années que je souhaitais voir les tableaux d’Amsterdam restaurés ce qui fut finalement commencée à la suite de l’exposition de 1989 et s’est terminé tout récemment. À ce moment seulement on a pu voir la justesse des arguments qui se trouvaient à la base de mes opinions.
Le sujet me tenait d’autant plus à cœur que dans le passé je me suis parfois trouvé en désaccord avec d’autres opinions concernant l’attribution de certaines œuvres, fort rares il est vrai, dont je n’ai pas hésité à confirmer la paternité à la main de Malewicz et non moins d’autres que je reléguais non moins formellement.
Tout récemment la revue anglaise ARTWATCH UK consacrait sous la plume d’Alexander Adams (cf. son « Malevich Restorations Questionned » n° 28, Winter 2012 p.19) un compte-rendu fort positif du chapitre 31 de mon Malevich, painting the absolute, London 2010. Ce commentaire me conforte quant au bien-fondé de la partie méthodologique concernant l’aspect « connoisseurship » de mon travail.
Extraits du texte d’Alexander Adams :
In the recently published Malevich: Painting the Absolute (Lund Humphries, November 2010) Andrei Nakov has presented information about various restorations of oil paintings by Malevich, data which Nakov came across in the course of compiling a catalogue raisonné of the artist’s work. He discusses at length certain restorations of Malevich’s Suprematist oil-on-canvas paintings. A cache of significant work is at Amsterdam’s Stedelijk Museum. Nakov comments: « The first restoration carried out in Holland in 1957 by Lo van Beek and Chris van Noorst first of all involved the relining of the work, which at the time was considered absolutely indispensable for the safeguard[ing] of paintings that had been through the war.
[…]
As the Richardson-Keck controversy over the varnishing of Cubist paintings (see http://artwatchuk. wordpress.com/2011/01/08/8th-january-2011/) demonstrates, art historians often have broad knowledge of an artist or a movement in a way that conservators might not. As Nakov has reminded us, it is the duty of art historians, curators and conservators alike to hold the art work as sovereign and to remain beholden not only to following generations but also to the artist to preserve, record and maintain art and to intervene as little as possible.
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