L’intérêt pour l’œuvre de Vladimir Tatline marque les débuts du travail d’Andrei Nakov dans le domaine de l’art moderne russe. Il se manifeste dès 1972 dans ses commentaires des textes de Nikolaï Taraboukine (Le Dernier tableau). Suit le catalogue de l’exposition Tatlin’s Dream, Londres 1973 et le travail pour la reconstruction des œuvres des frères Stenberg (2 Stenberg 2, Paris-Londres, livre et exposition de 1975, première publication majeure dans ce domaine depuis le livre précurseur de Camilla Gray (1962).
L’interprétation de l’œuvre de Tatline et de certains de ses élèves (Mitouritch) occupe une bonne place dans les livres Abstrait/concret : art non-objectif russe et polonais, Paris 1981 et L’avant-garde russe, éd. Hazan, Paris 1984, dont la version russe parait en 1991 à Moscou, ce après d’autres éditions européennes (italienne, allemande) publiées simultanément en 1984.
Cette phase de son travail culmine à la fin des années 1980 dans l’exposition Dada and Constructvism (Londres 1984, Tokyo 1988 et Madrid 1989).
Ses recherches seront entre temps complétées par l’étude exhaustive des archives moscovites de l’artiste russe (à l’époque CGALI, maintenant RGALI) où il établira en 1988-1990 le répertoire complet des dessins de Tatline dans cette collection et, par la suite, de celles du musée de l’architecture Chtchoussev de Moscou.
Le livre consacré aux Reliefs de Tatline constitue ainsi l’aboutissement de nombreuses années de recherche. Il propose aussi une interprétation nouvelle d’une partie de la création cubiste de Picasso, le moment de ses « nature mortes » élevées à l’automne 1913 en œuvres d’art à part entière par Guillaume Apollinaire.
À part la publication de documents inédits et d’interprétations originales (y compris un « excursus » sur Fantomas) le livre de 2019 offre dans une « annexe » l’examen critique de certaines attributions hasardeuses qui n’ont pas manqué de polluer les innombrables publications et catalogues d’exposition muséales consacrés à Vladimir Tatline depuis les années soixante et non moins encore récemment (Fondation Beyeler 2015).